2020
May 
18

Le ridicule ne tue pas

Filed under: Journal Débordé — Tags: — fabuleta @ 17:49  

Alors comme ça je suis sortie

Sans rien d’autre que mes petits poèmes pliés en quatre dans la poche

Je n’ai pas besoin de papiers d’identité. Je sais bien qui je suis.

Et s’il me plaît de changer de nom et d’âge, personne n’en saura rien

Les rues étaient pleines de gens qui mangeaient des sandwichs sur les trottoirs

Fort heureusement les boutiques d’habits étaient encore closes

Qui a besoin de nouveaux vêtements quand c’est toute notre garde-robe d’idées qui est à changer?

Le kiosque était fermé pour cause de travaux

Alors j’ai longuement regardé la place fleurie

Espérant trouver là quelques visages amis

J’ai vu un vieux qui m’observait mettre béquille et pied à terre

Je lui ai souri et j’ai décidé que ce serait pour lui que je dirai ces vers

J’ai longuement hésité. Mon cœur battait.

J’ai attendu qu’une petite fille démarre sur son vélo pour prendre tout mon air

Et j’ai lancé au vent mon innocente tirade

Jambes et feuilles tremblantes j’ai achevé ma bravade verbillante

Et quitté le parc sans un mot supplémentaire

J’ai salué le monsieur en repassant devant la grille

Je suppose qu’il m’avait suivie des yeux et des oreilles

La ville étale sa symphonie tapageuse

“Nous sommes ouverts”

“Masques obligatoires”

“Tenez prenez du gel, y’en a jamais de trop” dit un vigile

Visières gants sacs masques de toutes les tailles

Jetables

Finalement, peut-être bien que le ridicule tue

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