Ouvrir les trappes – Assemblée de soleils
Une assemblée de soleils t’éblouit
Ferme les yeux dehors
Et rouvre les dedans
Que vois tu quand on te regarde?
Rien
Tu n’es plus que sens n’est-ce pas?
La vue ne sert qu’à prendre des repères
L’oeil est un compas
Tout le reste gouverne
Ça se déploie
C’est une merveille n’est-ce pas le corps dans cet état là?
Pas de gravité
L’espace d’un instant
Il n’y a plus de poids
Dessous
Les sutures cèdent
Saturés de demandes
L’une par dessus l’autre par dessus l’autre par dessus
L’hôte de dessous, les os du dessous
La peau dessus les os de dessous
Un pardessus de peau
Des costumes par-dessus des corps
Décors de corps
Dehors
Tu souris, tu tiens le cap
Dedans ça coince ça tiraille
Ta cheville
Ouvrière de ton corps
Ta cheville se fait la malle
L’effort fait son travail de fourmi dans tes ligaments
Dehors
Tu sautes, tu cabotines, tu ris,
Dedans
Tu doutes, tu fronces les sourcils
Tu cherches le juste geste
Nous connaissons le prix d’un corps qui jouit de sa pleine puissance
Le genou qui claudique
L’axe qui bégaye
La cheville qui vacille
L’orteil qui s’oppose
L’épaule qui se braque
Le bassin qui se grippe
Ces blessures nous accompagnent
Le corps en miettes, c’est juste un rappel de nos limites
Le risque ne nous contraint pas au silence ni à l’immobilisme
Boum
Sur le sol l’épiderme tancé
Boum
Tant qu’on peut il faut danser
Partout
Jouer
Jusqu’à oublier que l’instant d’avant on avait mal au dos
Jouer
Joue et joue et joue et joue
Jouer jouer jouer jouer jouer jouer jouer jouer jouer jouer jouer jouer jouer
Nous et nous et nous et nouer nouer nouer nouer nouer nouer nouer nouer
Déjouer l’âge les dés jetés Jouer
Nous dénoués
Nous sommes
Faiseuses de mystères
Raccommodeurs d’imaginaires
Traductrices d’instantanés éphémères
Nous sommes
Assemblée de soleils devant le levant
Pas sages
Nous sommes de passage
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