Nous jubilons
Nous jus bile on
Nous ouïe main cœur bouche œil ventre sensation
Pensées éparpillées qui se réorganisent
Nous préparons le terrain des heures fertiles en récoltant dans
Creux oreilles paumes seins palais rétine estomac épiderme
Ce qui servira de matière pour la prochaine rencontre.
Rencontre de soi et de tous, de tous en soi, de soi en toustes
Coulées de noir sur blanc
Coulées de lave larmes libérées dans tympan
Sous ongles
Dans tam-tam palpitant derrière dents
Sous cornée
Bol alimentaire des mots qui descend et glisse sous la peau
Nous nous immergeons dans le jus bien frais des fruits mûris sous le soleil d’autres contrées,
Bibliothèques palmeraies
Chacun son goût, chacune sa voix
Textes aux accents d’agrumes tragiques, pamplemousse mordant, papaye pépineuse, fruit de la passion érotique, pomme brûlot, abricot-conte sucré, cerise boucle d’oreille parfumée
Nous sommes le blender et le panier d’osier
Nous marions les saveurs, nous maillons les tiges séchées, pour révéler l’ardeur, faire émerger à la surface du
Conduit auditif des
Empreintes digitales,
ventricules de la langue glandes salivaires et sébum des sentiments.
Nous pressons le jus des mots
Sacamos el jugo des palabres produits, du plaisir de dire, de la quête infinie de ce qu’il y a en soi et ce qu’il y a en toustes.
Nous cultivons les quelques eurêka qui cherchent à se frayer un passage dans les brouillons salis par les surplus de cérumen verrues croûtes de lait caillé caries métastasées aveuglements pelliculaires.
Nous sommes un corps glorieux et dégoûtant, une masse de cellules indistinctes
Nous voulons notre part du festin avant la mort
Nous voulons y goûter
Nous volons quelques secondes à l’absolu
Et c’est déjà beaucoup même si ce n’est jamais assez.
No Comments