2021
Oct 
6

à l’intérieur

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  • au travail!
  • — lapeauaimante @ 15:12  

    En moi se déploie la petite magie des images

    Elle offre son innocente incandescence

    À qui veut bien la suivre sans prétendre connaître la suite

    Parce que la vie peut rendre aveugle

    À force de mettre de la poudre aux mirettes

    Et si pour y voir clair, il suffisait de fermer les yeux?

    Mon corps est une terre où cohabitent le très grand et l’infiniment petit

    Un temple sans bougies, une machine bien rodée.

    Ça fait des millions d’années que le même schéma est sans cesse dessiné

    À chaque naissance un nouveau modèle

    Mais pas un truc à la chaîne du genre Ford et compagnie

    Non, plutôt modèle unique comme chez ADN

    Mon sang est océan, mes organes ressources

    Ma mémoire une passoire et chaque fragment regagnera la source

    Comme les grains de sable qui un à un reviennent, de la mer au rivage

    Je gagnerai le ciel, insondable patrie d’où surgit le néant

    Du bain maternel où j’ai vu naître le soleil

    À la nuit infinie qui avance chaque heure, je marcherai

    Je marquerai le pas des battements intérieurs, les assauts et sursauts

    Les lentes traversées les grands bonds en avant

    Tout cet ensemble de traces qui marquent mon sol

    Dessine mes racines et change mon désert en planisphère identitaire

    À l’école on apprend à se taire

    Une fois devenus grands ça fera moins de pensées contestataires contre les dirigeants

    Une solution : slamons!

    Pour noël et les anniversaires, au lieu d’acheter des jouets

    J’irai voir un marchand d’imagination

    Ça coûte moins cher et ça dure plus longtemps

    Devant mes yeux clos, le pamplemousse que je mange deviendra un soleil d’été

    Et mon salon le saloon d’une Amérique réconciliée

    Y’a un indien sans plumes qui saluera un cow-boy en pagne

    Et y’a que les montagnes qui tutoieront encore le ciel

    Et hop ! En un clin d’œil j’ai transformé l’épouvantail en bonhomme de neige,

    Noyé la paille sous des couches de réel

    J’ai dérangé les rangées immobiles pour remettre un peu d’ordre

    Débranché les fils de la raison et raccroché le cordon cardiaque

    J’ai traversé l’arc-en-ciel de mes pieds à mon front pour faire étinceler l’endocrine

    Changé les cris en chant, mis des couleurs sur mes sentiments

    J’ai balayé le vieux d’un revers de reviens

    Qu’il vienne quand on l’a convié, pas avant

    Les chimères de naguère n’ont pas de place dans mon maintenant

    Au-dedans bouge ce que je pensais assis

    Quand Gaza gronde à l’intérieur

    Que Tiananmen tank dans ma tête

    J’invoque Shakespeare ou Molière

    Mozart ou Shakira

    Il faut qu’je danse, il faut qu’je trêve,

    Que je voyage dans la machine à remonter les rêves,

    Troquer le chaos contre un verre d’eau, virer le vieux, mettre du nouveau

    Défaire les nœuds sans perdre le fil

    Faire descendre les résidus de vieilles idées, les passer au scanner

    Passer le filtre du langage entre les yeux et les images

    Décrypter les symboles, en faire une jolie parabole dont je suis l’héroïne

    Tant que la poésie opère sa petite magie

    Je veux bien être myope

    À l’intérieur, mon regard s’accommode des miracles

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