2020
Sep 
30

L.A Confidential

Filed under: Journal Débordé — Tags: — fabuleta @ 22:06  

Je cherche et tourne des pages virtuelles
Tas de revues
Poésies en sommeil
Art invisibilisé parce-que trop cloisonné
Parce-qu’on a voulu en faire une marchandise pour les nantis
Les bien dotés, les tellement au-dessus des autres qu’on ne se comprend plus
Entre deux lignes
Il y a de tout, oui, il y en a pour tout le monde
Mais la frontière reste épaisse, indépassable
Une sorte de charme éthéré
Littérature alitée, en panne d’elle-même
En peine de se régénérer aux yeux du grand public
Désuète. Alors pour ne pas la faire tomber complètement en miettes
Aujourd’hui on l’appelle
Slam

C’est dommage de se laisser avoir par les malfaçons langagières
D’une époque qui cherche à détourner ou faire mentir les mots
Remplacer le net par du flou, le dur par du mou
Aujourd’hui j’ai entendu le ASAP à la française
“Accélération de la Simplification des Actions Publiques”
Une manière de nous la mettre à l’envers en réduisant je ne sais quel coût des services publics
As Soon As Possible
Bravo, belle marche arrière.
“Mais puisqu’on vous dit qu’on simplifie et qu’on accélère, de quoi vous plaignez vous?
Mais puisqu’on vous le dit que le slam ça fait plus cool pour les jeunes, ça fait moins poésie…”

La poésie doit-elle être confidentielle?
Bordel de noms! Il faut la diffuser, diffuser, diffuser!
Jusqu’aux fonds des campagnes hexagonales et aux confins de tous les continents
Si les dix mille fusées que Musk envoie pouvaient au moins servir à ça!
Comment se fait-il que ce soit si peu lu alors que ça peut être au contraire si abordable
Quelques lignes ça ne mange pas de pain, c’est plus facile qu’un gros bouquin
Ça pourrait se lire aux chiottes
“Sacrilège de lèse majesté, pour qui te prends tu toi qui ne compte même pas les pieds? ”

Pourquoi on ne fait pas venir plus de poètes vivants dans les écoles? Il y en a des milliers!
380 revues actuelles et 650 abandonnées!
Pourquoi ça reste confidential L.A Poésie…

Plus tard, je lis dans un rapport:
Depuis 2007, une école par jour a fermé, principalement en zone rurale

Conclusion: faites tomber les cloisons!

2020
Sep 
29

Maman Éléphante

Filed under: Journal Débordé — Tags: — fabuleta @ 22:35  

Des perles pour Emeline
Choisir des formes et des couleurs qui l’accompagneront dans son voyage
Son passage
D’une rive à l’autre de la maternité

Moi je donne naissance à des poèmes
Ça ne bouscule pas mon intégrité physique
Quoique je reste de longues heures assise au bureau

Le temps de gestation est long
Plusieurs années
Maman éléphante de proses protéiformes

Une fois construits, il faut encore les sortir, puis les accompagner
Les élever pour qu’ils s’en sortent tous seuls
Pour cela, il faut les mettre dans les oreilles des Autres
Ou alors sous leurs yeux
Laisser filer ses petits dans la tête d’autrui
Ça fait peur.
Seront t’ils compris? Ne manqueront t’ils de rien? Seront t’ils acceptés parmi les leurs?
Et si on les gronde, comment réagiront t’ils? Est-ce qu’ils s’en remettront?
Et jusqu’à quand serai-je leur maman?

Pour l’instant, ils sont bien au chaud dans le ventre de mes carnets
Il me tarde un peu de les voir en vrai, de leur offrir le joli collier que je fabrique
Pour leur premier jour hors du liquide anecdotique de ma panse

Gigotez petits monstres de mots
Nous serons là l’un-e pour l’autre
L’un-e par l’autre

2020
Sep 
22

Laisser courir les tigres

Filed under: Journal Débordé — Tags: — fabuleta @ 13:50  

Bouche ouverte
Mouches
Grillons
Cri de la fauvette: huit huit huit

Laisse moi
Je vais faire courir mes tigres
Ils ont besoin de s’ébattre
Si la plupart des gens jouaient, on aurait pas besoin de règles pré-écrites et rigides,
Et pareilles pour tout le monde. On jouerait et c’est tout.
Les règles s’écriraient toutes seules et on en changerait dès qu’elles ne vont plus.
Les vieux babouins s’accrochent aux règles de leur jeunesse
Comme si celles ci valaient pour toutes les générations.

Les mains qui s’approchent trop vite je les chasse
Même si elles connaissent le chemin pour aller jusqu’à ma poitrine,
Même si elles l’ont parcourue mille fois, les mains autres doivent rester aux aguets,
Autrement je les fais marcher au pas
Il y a des routes invisibles, des corps transparents qui vibrent autour de l’enveloppe charnelle.
Et ces portes-là sont encore plus sensibles.
Pour les percevoir, nos sens quotidiens sont trop grossiers.
C’est autre chose qui guide le regard et la paume.

Mes couches péri-épidermiques
Vibrent

Mes tigres courent
Je les laisse s’épuiser
Avant de les remettre en cage
C’est pas de gaieté de cœur que je les enferme
C’est qu’ils risquent de blesser les autres
Si je les laisse dehors
Et puis s’ils s’assoupissent en plein milieu de la place
Ça risque de faire du grabuge
Je les laisse se faire les griffes sur un arbre mort
Devenir cannibales
Se battre et ouvrir la gueule en grand
Mes tigres sont bien élevés
J’ai dompté le rythme de leurs carnages

Avant qu’ils prennent la fuite et se sauvent à jamais
Devenant la proie facile d’autres cirques exploitants
Je les ramène à moi
Avant qu’ils ne deviennent une cible trop docile
Je ménage pour eux une part de captivité
Pour rester maîtresse de leur instinct sauvage
Leur humeur fauve reste chaude dans mes bras humains
Je suis responsable de mes tigres
Jusqu’au jour où ils feront retraite
Je brûlerai leur peau en hommage à leur vie
J’élèverai alors des agneaux
Grandis dans la douceur féline de ma saine colère
Mon instinct animal, présent inestimable.

2020
Sep 
15

Y et zéro sont dans un bateau…

Filed under: Journal Débordé — Tags: — fabuleta @ 18:53  

Ça y est

Ça se pose

C’est déjà autre chose

Un autre rythme

Plus lent, plus mien

 

Temps vide d’homme et de travail

Se réveiller pour errer

Et puis entrer dans la brèche que la veille a laissé entrouverte

 

Reprendre une à une les années

Retranscrire, copier, faire exprès de passer des lignes

Retrier

Mettre les souvenirs dans des cartons de couleur

Étiqueter

Pour plus tard

Pour rien peut-être

 

Transformer en confiture les tomates vertes déjà rougies

En une seule journée, les tomates deviennent mûres

Moi j’ai l’âge du Jésus sur la croix mais je n’ai ni son courage ni sa foi

Maturité version génération

Y

 

Je remets mon corps en état de marche

Au cas où bientôt il faudrait reprendre l’alphabet à zéro