2020
Oct 
29

EMBRASER

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 09:13  

Nous sommes la horde du contre mouvement
Somme d’êtres aux parcours épars
Rassemblés en un point précis pour…danser
Nous avons traversé divers pays et contrées
Sonne l’heure du départ

Prêts
Feu
Embrassez

J’en ai pris pour mon grade
De l’énergie
En barre, en boîte, en regards
J’en ai pris et j’espère donné
J’en garde

Pour la redistribuer
Je tricoterai des poèmes
En me rappelant de nous

La lumière des poissons Les tapis colorés
Le lait jaune
Les gestes et les paroles La malice
La tendresse
Les notes suspendues Enchaînées

Les souvenirs comme des morceaux de laine
Pour ne pas prendre froid en plein coeur de l’hiver

Je sais que les grands vents qui viennent auront raison de mon calme
Qu’il me faudra clamer, plus fort et plus souvent
Je sens mon ventre et puis mon coeur qui me débordent les yeux
Et j’ai peur, bien sûr, de ces grandes tempêtes

Mais vous êtes une bouée
Saltaminus fût un radeau au beau milieu du début du naufrage
Une bulle d’air, un sauvetage
Vous m’avez amarrée

Avec tout l’Amour dont est capable notre humanité
Vous m’avez fait marrer
Avec humour j’ai vu toute l’absurdité
De devoir se cacher pour…danser

La bonne nouvelle, c’est qu’on devient résistant-es à peu de frais
On pourrait s’offrir des médailles
Pour prouver notre bravoure
Mais franchement ce serait une bavure
De s’abaisser au rang de ceux
Qui voudraient nous faire
Marcher au pas
Nous, nous sautillons
N’en déplaise aux écrabouilleurs d’espoirs
Nous marchons à la verticale, nous glissons en parallèle du sol
Nous décollons, nous roulons, nous nous enroulons
Nous nous portons vers le haut, toujours,
Et lorsque nous tombons, nous savons nous relever
Nous savons même comment générer des points de densification
Nos appuis sont multiples, inattendus
Notre agilité est sans pareille par rapport aux bottes des soldats

Oui, nous allons pieds nus
Et nous baignons ensemble
Oui, nous mangeons surtout des légumes, du tofu
Et pas beaucoup de viande
Oui, nous aimons boire
Mais n’avons pas besoin d’alcool pour devenir fou
Aux yeux des égarés

Nous sommes la somme des petites flammes
Qui brillent du sommet de nos crânes
Jusqu’au bout de nos pieds

Prêts
Feu
Embrasez

RIEN N’ARRÊTE UN PEUPLE QUI DANSE
RIEN N’ARRÊTE UN PEUPLE QUI DANSE
RIEN N’ARRÊTE UN PEUPLE QUI DANSE

LA HORDE DU CONTRE MOUVEMENT

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 09:12  

Nous avons fui le grand vacarme
Nous avons pris place à bord de nos corps
Pour nous extirper de la masse agitée qui secoue le dehors
Nous avons décidé d’habiter nos muscles et nos entrailles
L’organisme
Voilà notre nation
Nos hymnes empruntent leurs rythmes
Aux gargouillis des tripes et au souffle qui s’intensifie
Les rires qui fusent sont notre mélodie
La gravité est notre loi

Nous connaissons le prix d’un corps qui jouit de sa pleine puissance
Le genou qui claudique
L’axe qui bégaye
La cheville qui vacille
L’orteil qui s’oppose
L’épaule qui se braque
Le bassin qui se grippe
Ces blessures nous accompagnent
Le corps en miettes, c’est juste un rappel de nos limites
Pour autant
De tous temps la Vie nous a invités à les braver
L’humain s’invente des aventures pour continuer de se dépasser

Ainsi, hors des sentiers battus
Petit à petit
Nous avançons
Partout, là où la brèche est possible
Nous déplaçons l’impensable
Millimètre par millimètre
Nous avançons nos pions

Frôler la frange légale
Pour s’affranchir d’un idéal imaginé par d’autres
Avoir les coudées franches pour raffermir nos idées hautes
Faire de l’interstice un pays assez vaste
Pour contenir toute la diversité de la planète:

L’Everest Les animistes Les racistes
Les contacteurs en pyjamas Les vegan
Le palais idéal du facteur cheval
Les chutes d’Iguazu et du Niagara Les tangueras à paillettes
La voisine du troisième étage Colette Les folkeux à fleufleurs
Les chasseurs et les constellations Ta belle-mère
Et le pont du Gard

Faire de la frontière un espace étirable pour se placer à plein
Tenir la ligne assez fermement pour qu’elle ne puisse pas se déliter
Avec suffisamment de souplesse pour que personne ne se sente prisonnier

Perdre nos repères pas encore ancestraux
S’autoriser à s’autonomiser
Garder le strict nécessaire:
L’eau, la nourriture, la lumière
Le toucher

Se
Toucher
Se
Laisser toucher

Si ma pupille appuie sur la paupière de l’autre, est-ce que ça se voit?
Si mon dos trouve un hôte pour la seconde qui suit
Est-ce que ça pourrait durer toute une partie de la vie?

Raconte moi une histoire
Avec ton corps cosmique, avec ton corps terrestre
Avec ton corps cassé, avec ton corps debout
Avec les vertèbres de ta colonne et les alvéoles de tes poumons
Redis moi sans les mots
Le chaos qui côtoie l’ordre de tes gestes
Confesse moi par la peau
Comment tu ranges la chambre de ton bazar mental
En accord avec le reste de tes colocs organes
Dis moi dans un suspens comment tu procèdes
Pour organiser le passage d’un âge à l’autre
Comment tu navigues dans le monde intermédiaire
Entre la réalité de tes rêves
Et ta vie imaginaire

Raconte moi en corps une histoire s’il te plaît
Ouvre la mâchoire. Quand tu fermes la bouche, ça reste coincé dedans
J’ai envie de voir dans le noir avec toi
Le sol sera notre boussole
Les sens notre moteur et notre gouvernail
Viens, on va faire un tour du côté des portails invisibles
On chevauchera les steppes à dos de poisson volant
Une bête à deux dos, une vague à huit pattes
On sera l’océan
Nos corps créeront des spirales qui engloutissent les volumes
Et les grands vents qui viennent s’uniront à notre tourbillon
On balaiera les structures qui sclérosent nos désirs
On réinventera un calendrier pour travailler avec plaisir!
Seul le sang qui bat dans nos tempes nous indiquera l’heure
C’est la meute qui montre le sens des aiguilles de l’Histoire
C’est nous qui décidons de la suite
Et puisque nous sommes toustes embarquées dans la même galère
Alors autant plonger
Plutôt que d’écoper à la petite cuillère
Pour tenter de sauver le bateau qui prend l’eau de toutes parts
Autant devenir éponges transfuges transmetteuses de savoirs articulables
é p o n g e s t r a n s f u g e s t r a n s m e t t e u s e s d e s a v o i r s
a r t i c u l a b l e s
Autant continuer de se contaminer par des gestes passages
Quitte à choper la co-vibe, autant construire des passerelles pour le métissage

Alors nos noms ne seront plus nos noms
Certains mots s’oublieront au profit du silence
Les visages des vieillards seront nos monuments à la gloire des vivants
Et les images de notre enfance, instantanés pris au vol,
Seront punaisées au mur de notre instinct présent
Nous anéantirons la nécessité du rang
L’indocilité redeviendra la norme pour soutenir notre élan vital
Jusqu’à ce que l’orchestre fasse silence
Jusqu’à ce que la dernière note résonne
Nous tapons du pied
Pour résister à l’arrêt, à la sidération
Nous fabriquons notre propre musique

Peut-être qu’on peut danser avec encore plus différent de nous
Sortir du cocon, blanc et confortable
Convoquer dans nos archipels les cohortes qui chutent
Prendre pour capitaines
Des pirates altiers
Et pour seul bagage
Notre altérité

Laisser l’air et le temps faire leur travail
D’altération des habitudes
Avoir confiance dans le fait que
L’entropie est salutaire quelque part
Et qu’à un moment donné
Les loups solitaires sortent des sentiers battus
Et prennent les devants

Nous sommes cette horde en mouvement
La horde du contre mouvement

2020
Oct 
13

Trêve de tout

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 16:12  

Je ramasse des petits bouts de trucs
Des petits morceaux de choses
J’en fait des poèmes
Mais ici, il y a trop
Trop de regards et trop de gestes
Trop de peinture sur les murs
Sens partout stimulés
En permanence
Trop de choses qui accrochent ma mémoire
Qui frappent ma conscience
Qui demandent à être exprimées
Ici la vie va vite
Et sur mon vélo pas moyen de m’arrêter pour noter alors je chante
Pour tenter de ne pas oublier
Mais dès que je rentre il y a l’écran qui sonne, qui brille, qui vibre
Il y a le monde là-bas parallèle et qui fait mes journées pleines et mes yeux cernés
Il y a trop de bruits

S’il vous plaît
Taisons nous un peu
Taisons nous encore
C’était si bon de voir votre silence
De goûter notre pudeur
Je nous en prie
Une trêve de tout

2020
Oct 
2

10 blocks

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 20:13  

Carrés
10 blocs
10 blocs de 10 carrés pour représenter 1 journée
divisée en 10 minutes
100 carrés à remplir d’habitudes
Combien de carrés consacrés au corps ?
Combien de minutes pour respirer l’odeur de l’asphalte mouillée ?
Combien de kilomètres et combien d’allers-retours sur les pistes cyclables?
Combien de temps pris pour me lever, me laver, me faire à manger?
Combien de minutes passées à rêvasser, combien à s’abrutir devant la télé?
Combien de livres lus en une année
Si je consacre 3 carrés de petit déjeuner et 2 autres avant de dormir pour lire?
Combien pour travailler quoi, avec qui?
Combien de temps pour mes amis?
Quelle case laisser en blanc? Lesquelles se feront remplacer si je n’ai pas le temps?
Et si je fais tout en même temps?
Si le fait de travailler sur l’écran divise mes carrés en milliers d’activités
À combien de carrés je serai de la fin de ma vie?

Pixellisée, moi? non merci
Même s’il pleut c’est le nombre de respirations qui m’indique où je suis.
Combien d’inspirations dans le coeur aujourd’hui?
À peine 3. Sauf si le stress ça compte, alors je dirais 8
Combien dans le genou droit?
1 fois.
Combien dans le plexus et encore plus en bas?
Plus de mille, à un moment j’ai arrêté de compter.

De toute façon j’ai jamais su compter, même sur mes doigts.
Je m’emmêle les pinceaux, les minutes c’est comme une décennie et parfois vice-versa
Alors bon, je vis quoi. Ça déborde chez moi, même si ça m’aide l’idée de structurer le temps
Ce qui est surtout marrant avec les boîtes de Lego c’est de construire on ne sait pas trop quoi
Et l’histoire on verra bien ce que ce sera.

En bas de l’écran c’est marqué: respecter la casse
On peut cocher ou pas la case

Ou laisser les majuscules décider de leur place

2020
Oct 
1

Artistes Onanistes

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 19:19  

De la branlette
Le primaire, le symbolique
L’Aaaaaaaaart

Est-ce qu’on ne devrait pas tout simplement s’en tenir à ça:
Du primaire et du symbolique, pour soi
Plutôt que de faire exactement ce que je suis en train de faire maintenant
Dévoiler pour un-e tout-e autre que moi mes petits univers et mes graaaaaandes pensées

Sortir de sa coquille ou y rester?
L’anonymat me semble être la meilleure preuve d’universalité

Avant d’avoir des subventions, des blogs et des comptes InstaBook
Les artistes étaient peut-être simplement des passeureuses de symboles
Et ce qui était en trop dans leurs bouches ils le gardaient pour elleux

Désormais on se stimule le cervelet en public