Oisiveté
Mère de tous les fils de brutes qui séjournent dans mon palace mental
Et me répètent à longueur de journée: tu fais que dalle!
Certes, très chères,
J’ai cependant regardé quatre saisons de la maison de papier
Et des tas de vidéos qui m’ont fait à peine rigoler
J’ai aussi agrandi le jardin avec mes petites mains
Et retiré un à un des centaines de milliers de cailloux et de tuiles (au moins)
J’a lu aussi trois bouquins et deux BD
Un article de journal papier sur le coma en cours de la 5ème république
Et des dizaines de milliers d’autres articles en ligne (non, là c’est abusé)
J’ai passé une bonne partie de la nuit à écouter la pluie
Et à me demander comment faire pour protéger la planète et les gens qu’il y a dedans
(ou dessus…j’ai jamais compris cette histoire de relativité)
Du coup j’ai commencé à imaginer un espèce de bouclier géant
Mais les flics nous marchaient dessus et faisaient un bain de sang,
Si bien qu’au bout d’un moment, les plantes devenaient acides
Parce-que l’hémoglobine c’est pas terrible pour le vivant à base de chlorophylle
Alors mon cerveau s’est rappelé de la théorie de l’accouchement à l’époque préhistorique.
Apparemment, la femelle au ventre rond était au centre
Entourée d’autres femmes l’aidant à mettre bas
(y’a que le patriarcat qui a inventé l’accouchement à l’horizontal et à plat)
Pendant que les mâles montaient la garde à l’entrée de la grotte
Ou tout autour des femmes pour les protéger des bêtes et autres assaillants de taille.
Je me dis qu’il y aura bien des gens qui n’auront rien à perdre
Et qui se tiennent prêts à en découdre avec les poings et avec les dents.
Et malheureusement, je crois que je n’aurai pas la force de les arrêter,
Et peut-être même qu’il faudra y passer.
Mais si on est des centaines de milliers (au moins)
À se mettre à plat ventre contre le sol, si c’est nous qui protégeons la terre que l’on veut nous voler,
Si on se met à plein pour enfanter des idées, qu’on s’écoute, qu’on s’apprend, qu’on se protège,
Qu’on s’encourage, qu’on fait bloc, qu’on se serre les couilles qu’on a pas,
On peut peut-être gagner.
En tout cas cette nuit il pleuvait, et rien que d’imaginer la terre se mouiller
Et quelques millimètres en plus dans les nappes phréatiques,
À plat ventre sur mon matelas, je souriais.
La terre est ma principauté
Et ventre à terre
Je défends ma patrie: courage
Les abus de mensonges
Et les principes ôtés
Seront purs éléments de langage
Oisiveté des puissants qui un jour se crurent sages
Les lois de la nature
Nous invitent à voter sans peur et sans lynchage
Pour le seul parti qui vaille la peine de porter un nom
Nous sommes tous et toutes
Fils et filles de nos mères
Hommage
Aux hommes et aux femmes qui traversèrent les frontières et les âges