2020
May 
13

J+2 – Déterrer les siècles

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 19:21  

Sous les pierres

La glaise

10 centimètres dessous

Encore de la terre

Puis du sable

Des pierres et des bouts de tuiles au milieu de tout ça

J’enfonce la pelle dans la sole

Et c’est tout le passé qui vient à moi

Je déterre les siècles.

À côté du corbeau de la cheminée

Il reste deux pierres posées à la verticale

Elles forment un passage étroit

En regardant de plus près, on peut voir deux encoches

Jadis, les protestants ardéchois y cachaient leurs livres de prières

Et les objets qui faisaient office de richesse

Aujourd’hui il y pousse des iris

Quelles traces verront les successeurs sur les murs de cette maison?

S’arrêteront-ils un instant pour contempler les changements

Et imaginer nos pas à travers la ruine?

J57 – À la bonne vautre

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 19:19  

 

Je trinque

Pendant que Tik Tok et Facebook paient des modérateurs pour faire taire les propos à leurs yeux trop hideux

Je trinque

La foule se prépare à faire des villes son défouloir et les riches se chargent de remplir leur compte car,

C’est bien connu, il n’y a jamais assez pour qui a de l’or dans la semelle de ses souliers

Moi je trinque

Avec un peu de vin coupé à l’eau de pluie

Pour que la fête que je fais dans ma tête

Ne me donne pas la gueule de bois

Si tout part en vrille, ou si au contraire rien ne va

Je veux bien me bercer d’illusion

Mais pas question de me retrouver dans le vomi des rêves consommés

Sans modération

Je trinque et me salis les doigts

D’aucuns préfèrent avoir le dernier Iphone ou le dernier Gucci

Mais moi je me réjouis de voir le noir me pousser sous les ongles

C’est ma petite richesse, ma marque de noblesse sans contrat sur papier

Je défendrai quiconque de vouloir acheter la poussière qui s’accumule dans mes plis

Ni même la boue qui sèche sur mes genoux

Plus de mille fois par le passé elle a été arrachée

Aux apaches, aux sans terre, aux paysans sur leurs tas de fumier

Pauvre rentier, lécheras-tu le sol ou mangeras tu tes billets?

Je trinque

Et renverse la moitié dans l’humide de la forêt

Ce soir je festoie

Aux refuges simplissimes

Aux luttes à venir et à toutes celles qui furent déjà menées

Aux ancêtres qui se battirent pour que j’ai droit au repos et aux congés payés

Aux actuels qui traînent leurs bottes rapiécées au fond des marécages ou au bord des fossés

Ce soir je bois

Pour la simple et mauvaise raison

Que je suis encore là

Par chance et aussi par lâcheté

Et je trinque à tout ça

À nos faiblesses et à nos hontes

À nos sans issues à nos tracas

À nos tentatives avortées

À nos immondices amoncelées

À nos hivers à nos fracas

À nos abandons à nos méchancetés

À nos déserts à nos envies émaciées

À la raideur des mains qui ne surent pas rattraper

À nos filets troués

À tous les mots en rouge soulignés dans la marge

À toutes nos paroles coupées, à nos lèvres mordues

À nos plaies rugissantes

À nos cauchemars pendus à nos douleurs béantes

À la gloire des erreurs aux échecs triomphants

À nos impatiences à nos peurs

À nos ivresses mensongères

À tous nos noirs dedans

J53 – Bras Héros

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 19:15  

Au début du confinement, quand j’allais me promener

Il faisait nuit vers sept heures et demie

À cet instant, j’attends le noir céleste

Je sais que l’obscurité sera de courte durée

Car le ciel au loin, rosit à peine

En ce moment la pleine lune me permet, même à minuit

De voir les crêtes des montagnes se dessiner à l’horizon

J’ai fait un feu en attendant la première étoile

Répète le chant des canuts, comme un mantra

Convoque les femmes médecine en moi

Des femmes à la peau aussi noire que la nuit

Je peux voir leurs muscles saillants

La blancheur de leurs yeux fixes qui attendent

Patiemment

Le signal du bon moment

Je suis sûre que les grandes choses ont un chronomètre plus précis que celui des contremaîtres

Parfois je me surprends à percevoir le temps comme une ligne faite de sauts de puces et de loopings

Il me semble que certaines minutes sont comme des portes

Elles se manifestent par une respiration profonde

Un bruit à l’extérieur qui nous fait sursauter ou remet nos oreilles aux aguets

Une sensation d’inconfort ou au contraire, de synchronicité

Une pulsion soudaine

Saisir cet instant, qui ne reviendra pas, ne reviendra jamais

C’est se fondre, se confondre dans la grande peau de l’univers

C’est tout petit, et à force de traîner mes grolles dans les couloirs du Monde

J’oublie parfois à quel point c’est intense, minusculte, gigantesque

Je laisse les portes ouvertes se refermer à force de rester dehors

Au dehors des minutes que cet être vagabond que j’habite, traverse

À force de regarder les courants d’air, j’omets de respirer

De m’inclure dans le paysage, de raviver mes femmes

Maintenant il fait nuit

L’étoile du berger s’est allumée

Et le feu s’est presque éteint à force de rêvasser

Je veux finir ma phrase avant de le souffler

Je patienterai encore avant de m’embraser

J52 – Le moulin de Mandy.Bis repetita

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 19:10  
Sur la route du moulin de Mandy

Je répète en medley les chants d’antan

Ami entends-tu?

Je suis fille de forçat

Qui n’aime pas la guerre

Nous – le genre humain-

Tisserons le linceul du vieux monde

Ça ne peut pas durer comme ça

Il faut qu’il tombe tombe tombe

Et déjà on entend la révolte qui gronde

Les béalières que nous avions nettoyées l’autre fois

Sont de nouveau sales

Des algues noires et visqueuses s’accumulent au niveau du pont

C’est profond, ça s’écoule mal

Alors je reprends un bâton et recommence l’opération

Retirer les algues, le sable, les cailloux et les branches

Pour éviter que ça déborde et que l’eau soit gâchée

En prévention je retire mêmes quelques troncs qui menacent de tomber

À quoi bon, pourrait-on me dire?

Dans un mois ce sera à nouveau bouché!

Par pur plaisir très chère, réponds-je

De voir la transparence librement circuler

C’est faire honneur à l’intelligence humaine que de l’utiliser

Et de fait, depuis la dernière fois, l’eau ne s’est pas arrêtée

En amont du moulin, là où se trouve la levée,

Le débit est bon et l’eau tout à fait claire

C’est peut-être le même courant qui pousse l’eau et les Hommes

C’est peut-être le sens de l’Histoire de devoir répéter

Génération après génération, les mêmes gestes et les mêmes chansons

Jusqu’à la victoire finale: zéro perdant, pas d’oppression

Si nous n’avions pas agi la dernière fois

L’eau se serait accumulée à certains endroits

Rendant le sentier impraticable

Là, il faut certes replonger les mains dans la vase mais c’est moins long

À la faveur d’une flore gargarisée de soleil, de nouvelles embûches affleurent

Mais si chaque fois que j’y vais,je ravive le flux

La prochaine fois il aura gagné encore quelques centimètres

Et ainsi, année après année, saison après saison, lutte après lutte,

Nous nous approcherons du but

Alors nous deviendrons

Des meuniers éveillés

J50 – La d’ailleurs

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 19:04  

Aujourd’hui j’ai rendu visite à la petite fille

Assise comme une nounouille sur le banc de la maternelle

Elle est arrivée après la sieste de l’après-midi

Dans un nuage moumou et grognon

Ça arrive parfois

Des fantômes de moi-même resurgissent

Et se glissent à nouveau dans ma peau

Et ça me fait un costume trop grand, ça flotte, ça pend

Ça fait comme un grand vide entre l’adulte et l’enfant

La d’aujourd’hui ne comprend pas ce qui lui arrive

Pourquoi tout à coup, les ombres derrière la porte lui font peur

Et quand des avions de chasse passent tout près dans le ciel

Juste au-dessus d’elle

La devenue croit qu’elle s’est perdue dans les boucles temporelles

Quand j’avais cinq ans, j’avais peur de la guerre

Mes parents avaient un magasin et les clients avaient dévalisés

Les rayons de sucre, de farine et de lait

À la télé, il y avait des bombes qui crachaient du feu, des gens qui criaient

Plus tard j’ai compris que les trous dans le palais de justice de Rouen

Ça avait été de vraies balles, et ça faisait pas si longtemps

C’était là, partout, tout le temps

Ça l’est encore. Ailleurs. À l’est, au nord, au sud le plus souvent

Ici on fait semblant de rien, on fait comme si, on prétend

Mais la petite fille mise à demeure dans mon corps

Elle ressent

Elle se réfugie dans les nuages et dans le vent

Elle écoute les oiseaux, elle caresse les chevaux

Elle attend

Qu’on vienne la chercher

Que les grands cessent de se disputer

Et la qui a un cœur qui ressemble à celui des mamans lui dit:

Le vacarme n’est pas prêt de s’arrêter

Mais moi, je vais te protéger

Je fais ce qu’il faut, je suis là

Je plonge les mains dans la terre et je lui dis

Tu vois ça, il y a quelques années, c’était du caca

Des épluchures, des feuilles mortes, des coquilles d’œufs et de noix

Et maintenant, sens, approche ton nez, t’inquiète pas

Ça sent bon hein? Et en plus

C’est là-dessus qu’on va pouvoir cultiver ce que plus tard on va manger

La magie c’est d’avoir assez de patience et de confiance dans la vie

Pour voir le pourri se transformer en trésor

On est reparties toutes les deux

Un pot de compost dans la main

Et des graines de piments rouge feu

À planter pour les jours d’après demain

J46 – Clark Kent aux Jeux Olympiques

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 18:58  

Encore se raconter des histoires

Réinventer nos héro-ïnes, nos légendes canoniques

Juste en fermant nos paupières

“Tu vois quoi sur l’écran du dedans?”

J’ai posé la question à Youssef, 7 ans.

Il m’a dit : Superman! cheveux en or, blanc, grand, fort,

La trentaine, des yeux lasers et en plus il vole

Il a un costume rouge et bleu, il sourit tout le temps

Génial. Clark Kent. Le mec idéal version patriarcale.

“Et toi quand t’auras 30 ans tu porteras quoi comme costume?

Le même? Avec le slip et les collants moulants?”

Il a rigolé: ah non…

Et c’est là que c’est devenu intéressant:

“Quand il sauve pas les gens, il habite en Tunisie

Il a une ferme souterraine avec un taureau, un lion

Et un chien à trois têtes. Il a les mêmes yeux qu’un aigle

Ça c’est bien! Et il a des abeilles aussi, parce-qu’il adore le miel.”

C’est fou ce que c’est long à nettoyer, l’imaginaire

On est peuplés de trucs qui ne nous servent à rien

Qui ont été placés là par d’autres, et parfois c’est si lointain

Qu’on doute qu’autre chose ait pu exister, ou existe encore, ailleurs

Et pourtant il reste des feuilles blanches dans le cahier

Mais comme des enfants pauvres de rêves

Nous continuons de raturer, de gommer et de réécrire par-dessus

Au lieu de simplement arracher la feuille, ou même, chiche: brûler le carnet

Parce-qu’on pourrait tout aussi bien écrire à même les trottoirs

Avec de la craie, voire carrément sur le ciel

Avec nos doigts mouillés de brume

Et alors l’air s’emplirait d’une fragrance nouvelle

Et l’atmosphère n’aurait plus la silhouette des enclumes

Va savoir…

Après avoir appelé Youssef, j’ai appelé Adisa

D’elle-même, elle a proposé de me lire un album

“L’amour à contre-courant”.

Une histoire de chômeur qui, en tapant la manche, tombe amoureux d’une belle dame qui s’ennuie

“C’est quoi comme mots : F…E…M…M…E? Y…E…U…X? N…O…S?”

C’est femme

C’est yeux

C’est nos

Et comme ça, lettre après lettre, on se construit des paradis

Et ainsi, mot après mot, on réinvente nos idées hautes, on les porte

Et c’est pourquoi, toi après moi, tu devras prendre le flambeau

Faire de la ville un parloir à ciel ouvert

Déverrouiller la parole

J45 – Le premier premier mai

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 18:57  

Demain c’est 14 juillet, 11 novembre, 1er mai!

C’est la fête et en plus c’est férié!

Ouf! Un peu de repos bien mérité!

Faites péter la Goudale, les pétards, le bazoo…

Non pas d’armes, on avait dit: pas de fracas

Espérons qu’il y ait du monde au balcon

Allez! Toustes et chacun son slogan en carton!

Choisissez l’actualité: “Du fric pour l’hopital public”

Mon préféré, encore inédit: “Coup d’État d’urgence”

Et le désormais célèbre: “Nos vies valent plus que leurs profits”

Bon, et où on va avec ça?

Nulle part. Chez toi.

Tu peux te donner rendez-vous place du savon noir

Pour terminer à république pot de chambre

En passant par la gare linge sale et l’arrêt fruits secs au comptoir

Ça va être fun, j’ai hâte: le premier premier mai aux avenues vides de l’histoire!

J44 – À l’école des souhaits

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 18:42  

Fatigue du corps et de l’esprit

Pour conjurer le sort je prends la pelle

Et ramasse du crottin.

Le cycle du pourri qui se transforme en purin

Les orties et la prêle, les crottes du gadin

Fabriquer un tapis pour l’après

Une couverture moelleuse pour les plantes à venir

Un super carburant, une promesse d’avenir

Et dire que ce qu’on y mettra demain

C’est de la poussière de fleurs

Qui tient dans le creux des mains

Capable de se reproduire, à l’infini

Si on en prend bien soin

Et dire qu’on se gaspille du temps à pousser des caddies

Aujourd’hui je suis paysanne-poète à la petite semaine

J’ai quelques enfants bazar à qui raconter de belles histoires pendant leur printemps confiné

Quelques chiffres à remplir dans un tableau et terminé. Pas d’autres devoirs.

Me voilà décolleuse de semelles, colleuse d’affiches rebelles à la volée

Dévoileuse d’intimités partageables, inviteuse à en faire de même

J’ai jamais su choisir ce que je voulais devenir

Institutrice Pour Enfants Pas Sages, Répareuse De Sentiments, Écouteuse De Palpitants

Creuseuse De Trous, Poseuse De Graines, Fabriqueuse De Cabanes Dans Le Ciel

Danseuse De Rêves, Crieuse De Rages, Coureuse De Larmes, Enfuyeuse De Pensées En Bocal,

Chanteuse De Feu Et De Troncs D’arbres, Tapeuse De Mains Au Soleil Couchant, Rigoleuse De Tous Les Instants, Dramaturge De Ma Propre Folie, Envoyeuse De Poussière En L’air, Grimpeuse De Rideaux, Peintresse De Secrets, Révéleuse De Magies, Silencieuse Prêtresse De Voix Muettes, Échangeuse De Regards, Musicienne Des Tambours De La Mort, Rieuse De Bonne Aventure, Marcheuse D’horizons, Vendeuse D’espoirs Jamais Atteints Mais Toujours Renouvelés, Inventeuse De Mes Destins, Écrivaine De Tout Ce Qui Ne Sert À Rien, Auteuse De Récits Plein Les Tiroirs, Autrice De Ratures Dorées, Enfant Qui Dit Tout Haut Ce Qu’elle Sent,

Infante Devenue Adulte Que L’on Entend,

Une Dans La Foule,

Humaine Vivante En 2020…

Et si on changeait de métiers, de statuts, de rôles?

Et si on réinventait la suite de l’Histoire?

Avec des si, on met Paris en bouteille il paraît

Si, c’est une seule syllabe, la septième note de la portée

Je suis sûre que ça pourrait nous porter bonheur

Qui veut jouer?

On dirait qu’on serait tous citoyen-nes et qu’on aurait chacun-e un rôle dans la pièce de demain

(Que certains appellent “le jour d’après”)

Parmi toutes tes envies en travaux tu veux être qui, c’est quoi ton si à toi?

T’as peur? C’est ton premier jour de rentrée à l’école des souhaits?

T’inquiète pas, on est plein! Tu veux être mes copains?

J43 – Ventre à terre

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 18:40  

Oisiveté

Mère de tous les fils de brutes qui séjournent dans mon palace mental

Et me répètent à longueur de journée: tu fais que dalle!

Certes, très chères,

J’ai cependant regardé quatre saisons de la maison de papier

Et des tas de vidéos qui m’ont fait à peine rigoler

J’ai aussi agrandi le jardin avec mes petites mains

Et retiré un à un des centaines de milliers de cailloux et de tuiles (au moins)

J’a lu aussi trois bouquins et deux BD

Un article de journal papier sur le coma en cours de la 5ème république

Et des dizaines de milliers d’autres articles en ligne (non, là c’est abusé)

J’ai passé une bonne partie de la nuit à écouter la pluie

Et à me demander comment faire pour protéger la planète et les gens qu’il y a dedans

(ou dessus…j’ai jamais compris cette histoire de relativité)

Du coup j’ai commencé à imaginer un espèce de bouclier géant

Mais les flics nous marchaient dessus et faisaient un bain de sang,

Si bien qu’au bout d’un moment, les plantes devenaient acides

Parce-que l’hémoglobine c’est pas terrible pour le vivant à base de chlorophylle

Alors mon cerveau s’est rappelé de la théorie de l’accouchement à l’époque préhistorique.

Apparemment, la femelle au ventre rond était au centre

Entourée d’autres femmes l’aidant à mettre bas

(y’a que le patriarcat qui a inventé l’accouchement à l’horizontal et à plat)

Pendant que les mâles montaient la garde à l’entrée de la grotte

Ou tout autour des femmes pour les protéger des bêtes et autres assaillants de taille.

Je me dis qu’il y aura bien des gens qui n’auront rien à perdre

Et qui se tiennent prêts à en découdre avec les poings et avec les dents.

Et malheureusement, je crois que je n’aurai pas la force de les arrêter,

Et peut-être même qu’il faudra y passer.

Mais si on est des centaines de milliers (au moins)

À se mettre à plat ventre contre le sol, si c’est nous qui protégeons la terre que l’on veut nous voler,

Si on se met à plein pour enfanter des idées, qu’on s’écoute, qu’on s’apprend, qu’on se protège,

Qu’on s’encourage, qu’on fait bloc, qu’on se serre les couilles qu’on a pas,

On peut peut-être gagner.

En tout cas cette nuit il pleuvait, et rien que d’imaginer la terre se mouiller

Et quelques millimètres en plus dans les nappes phréatiques,

À plat ventre sur mon matelas, je souriais.

La terre est ma principauté

Et ventre à terre

Je défends ma patrie: courage

Les abus de mensonges

Et les principes ôtés

Seront purs éléments de langage

Oisiveté des puissants qui un jour se crurent sages

Les lois de la nature

Nous invitent à voter sans peur et sans lynchage

Pour le seul parti qui vaille la peine de porter un nom

Nous sommes tous et toutes

Fils et filles de nos mères

Hommage

Aux hommes et aux femmes qui traversèrent les frontières et les âges

J40 – Le sacrement de la boue

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 18:32  

Nue comme les premières femmes

Sous la pluie printanière

Je réclame au tonnerre sa fureur

Son éclat

Je ris à gorge déployée

Les bras ouverts sous la grêle d’avril

Venez à moi ô vous les eaux

Lavez moi de tout doute

Inondez moi de votre pure fraîcheur

Nettoyez la haine qui bouche encore mon œil

La transparence des gouttes agrandit mon regard

Je bois le ciel

Et toi terre

Ensevelis mes pieds

Que je me tienne prête, solidement enracinée à toi

Où que je me trouve, dans quelque situation que ce soit

Entre dans mes veines comme au jour de ma putréfaction

Que je sois vivante même parmi les morts

Terres et eaux mêlées dans mon corps

Le sacrement de la boue

Dans mon sang

La vase sécrète des symboles de sagesses révélées

Redevenons sauvages

Barbouillons nos visages

En hommage à nos sœurs

Debout