Orocre
Reine des prés dans un bol de grès ocre
Je retapisse mes entrailles avec de l’or
Je retire les souvenirs, je redécore
Je nettoie l’invisible avec de la fumée
Je remplis l’appartement de volutes parfumées
Fer magnésium acérola vitamine D
M’enfuir ou me magner? Vite!
Assez de rôles à décider ou à laisser
Les acides aminés, les follicules et les dendrites
Les mange pain et les force misère
Les insultes et les égards manqués
À d’autres! Moi, ta cible? Raté!
J’ai donné à un lion le soin de digérer mes tâches
C’est pratique car je n’ai qu’à le regarder
Il se délecte de mes trop pleins
Il se régale de mes infortunes
Il s’en met plein la lampe de mes cauchemars d’adulte
Une fois baignée dans l’ocre
Je reviens au félin
Statue de chair rigolarde
Tes dents ne m’effraient point
Ta crinière n’est qu’un pale soleil
Moi je brille de toutes mes cellules
Ma couleur n’est pas qu’un apparat
Je me teinte de merveille
Chaque fois que j’élève ma voie
Quand je marche ma parole
Que je fais fi des peurs, des manques et des drôles d’usages
Que la morale tente de me faire observer
Cette fois, je suis grande
Je ne rétrécis pas
Mon baptême est celui que je me suis choisi
Je me suis choisie
Moi seule
Je me choisis
Moi-même
Je choisis
Je m’aime
Je plonge mon corps dans l’eau tiède
Je me détends
Je décide
Et puis j’attends
Je me tiens droite
Je vous regarde
Frères féroces
Il n’y a pas de chaîne à mes mains
Pas de collier ni de laisse à mon cou
Je ne suis pas une récompense
Je ne suis pas un trophée
Je ne suis pas la petite fille que l’on gagne à la fin du carnet
Mon corps n’est pas un gain en fonction des notes du bulletin
Mon nom est celui que je choisis de garder
Pas d’autres patronymes
Pas de prénoms seconds
C’est la vie qui m’anime
Et ne cesse de me mettre au monde
C’est la nuit mon baptême
L’heure la plus féconde
Celle qui ne finit pas
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