Manifeste à la truelle
Je ne sais pas avec quoi j’écris car ce avec quoi j’écris je ne sais pas le nommer
C’est bien pour ça que j’écris pour savoir avec quoi je le fais
Pour le moment je décolle je gratte le superflu les lambeaux de poèmes superposés année après année sur les murs et les cahiers si bien qu’aujourd’hui j’habite une maison vieille de plusieurs décennies
Chez moi la mode est passée par toutes les fantaisies
Du papier peint vieillot fleuri antique romantique
Aux graffitis peinturlurés d’une ado tragi-comique
Du sobre vert d’eau sur papier de verre de la jeunesse éternelle
Aux murs blancs en placo de l’âge transitionnel
Je retire aujourd’hui les couches surannées et ne garde que la pierre
Chaque heure passée à débroussailler arracher de chaque carnet la viande remobilisable du poème
Chaque occasion de prendre en main l’outil qui me sert à rendre proprets mes écrits
Chaque image projetée de mon futur bureau
Sont des jalons de ce “pour quoi” auquel je ne sais pas répondre aujourd’hui puisqu’il me semble que tout a déjà été écrit
J’étale la matière sur les murs pour assainir
Racler le trop plein
Rajeunir les parois
Aplanir les surfaces bombées
Réinventer l’à venir dans la future pièce à habiter
J’y ferai une place pour chaque époque traversée
Et mettrai en valeur chaque étape du chantier
Dans de petits cadres en bois flottés et
Peints à la main
Après tout
Ce sont tous ces petits bouts
Qui font que j’en suis là
En obras
(oeuvres en travaux)
Work in progress
(travail en cours)
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