Le ridicule ne tue pas
Alors comme ça je suis sortie
Sans rien d’autre que mes petits poèmes pliés en quatre dans la poche
Je n’ai pas besoin de papiers d’identité. Je sais bien qui je suis.
Et s’il me plaît de changer de nom et d’âge, personne n’en saura rien
Les rues étaient pleines de gens qui mangeaient des sandwichs sur les trottoirs
Fort heureusement les boutiques d’habits étaient encore closes
Qui a besoin de nouveaux vêtements quand c’est toute notre garde-robe d’idées qui est à changer?
Le kiosque était fermé pour cause de travaux
Alors j’ai longuement regardé la place fleurie
Espérant trouver là quelques visages amis
J’ai vu un vieux qui m’observait mettre béquille et pied à terre
Je lui ai souri et j’ai décidé que ce serait pour lui que je dirai ces vers
J’ai longuement hésité. Mon cœur battait.
J’ai attendu qu’une petite fille démarre sur son vélo pour prendre tout mon air
Et j’ai lancé au vent mon innocente tirade
Jambes et feuilles tremblantes j’ai achevé ma bravade verbillante
Et quitté le parc sans un mot supplémentaire
J’ai salué le monsieur en repassant devant la grille
Je suppose qu’il m’avait suivie des yeux et des oreilles
La ville étale sa symphonie tapageuse
“Nous sommes ouverts”
“Masques obligatoires”
“Tenez prenez du gel, y’en a jamais de trop” dit un vigile
Visières gants sacs masques de toutes les tailles
Jetables
Finalement, peut-être bien que le ridicule tue
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