2022
Jan 
19

clinamen

Filed under: Journal Débordé — lapeauaimante @ 20:49  

Ma parole remugle
Un air de déjà vu vicié
Un truc qui cloche
Pas dans l’axe
La parole pas dans l’axe du corps
Le corps à côté du corps
L’épine dorsale déplacée
Ma parole boite
Ma parole boiteuse
Enfermée dans le buccal
Le truc qui cloche ne sonne plus
Bancal
Ma parole bancale
Cherche l’équilibre entre les pieds et les racines du ciel
Ça ne fait que bouger la langue
Ça ne fait que se balancer
Le petit cliquetis qui tambourine à mon palais
Personne ne lui ouvre
Le petit qui boite à cloche patte dans ma bouche on lui claque la porte au nez
L’air aussi aurait pu sortir des narines
Les narines font aussi du son
On leur bouche la voie d’aération
Ma parole ronfle
Et ça n’ennuie pas que la nuit
Ça ennuie tout le monde une parole qui ronfle
Même cellui qui la dit
Me reste le ventre pour apprendre à parler vrai
À parler tripes
Ventriloque anonyme en quête de quoi
En quête de quoi on se le demande
Ma langue rackette tous les livres ouverts
Et c’est un nouveau combat
Ma langue crie à l’aide
S’incline devant le stupre de son siècle
Ma langue crée en coulisses une cadence qui secousse
Gare à qui voudra me confisquer
Ma langue qui glisse
Gare à qui voudra me prendre
Ma langue qui caresse
Gare à celui ou celle qui voudra s’approcher de trop près pour toucher
Ma langue utriculaire
Ma langue utriculaire
Aura tôt fait de capturer la croix que tu crois salutaire de continuer à porter

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