Trou vers tout
Pierres, feuilles, papiers, ciseaux
Au milieu de Rimbaud, Jules Verne, Annie Ernaux
Il y a la page numéro quatorze de voyage au bout de la nuit
Céline côtoie Voltaire, Luis Zafon et Queneau
Panait Istrati, Octavio Paz, Victor Hugo
Freud, Lacan et Marc Levy, le marquis de Sade et Choderlos de Laclos
Des eaux fortes issus des magazines à la mode de 1911
Une tête d’éléphant, des encyclopédies classées par numéros
Un chat dort entre les rayons ésotérisme et polar
La poussière vole, la pluie joue des congas sur le toit
Dénicher un roman
Essuyer de la main les couvertures caressées par d’autres mains humaines
Imprimées du temps où internet n’existait pas
Comme un voyage immobile
Plonger dans les entrailles d’une librairie ancienne
Si je pouvais respirer tout le savoir contenu sur les étagères
Si je m’imbibais de toutes les phrases imprimées sur les pages
Je prendrais feu je crois, ou je deviendrais folle
Je sécherais dans un coin, entre la mythologie et le théâtre
Cherchant à rassembler dans un nouvel ordre, les ouvrages et leurs illustre auteur-es
Je marierais tous les Edgar que je trouve à toutes les Catherine qui traîneraient là
Je ferais converser Finkelkraut avec Moix dans un coin poussiéreux pour qu’on ne les entende pas
Je mettrai en lumière les ceuses et les ceux anonymes qui calent les rayons
Je mettrai les cruels et les sages face à face pour un duel de paroles
Je me ferais un lit avec toutes les versions illustrées du Kama Sutra
Les homo sapiens sapiens pensent
Et aiment à s’en vanter
Ils produisent des idées
Et assemblent du sens
Moi je mange des yeux le monde
Et c’est déjà assez
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